• Dieu joue t il aux cordes ?

    Gabriele Veneziano a commencé par établir ce qu'il nomme espace des théories formé de 3 axes, l'un porte G (constante de gravitation), le deuxième 1/c (inverse de la vitesse de la lumière), le dernier h (constante de Planck) en invitant chacun à l'expérience de pensée consistant à changer les valeurs de ces constantes. Ainsi :




    * Pour G=0, 1/c = 0 et h = 0 on se trouve en mécanique galiléenne, celle par exemple des boules de billard sur une table de billard;
    * Pour G>0, 1/c = 0 et h = 0, on se trouve en mécanique newtonienne;
    * Pour G=0, 1/c > 0 et h = 0, on se trouve en relativité restreinte;
    * Pour G>0, 1/c = 0 et h > 0, on se trouve en mécanique quantique;
    * Pour G=0, 1/c > 0 et h > 0, on se trouve en chromodynamique quantique




    Le but est bien tentendu de parvenir à une théorie où l'on pourra prendre en compte les trois valeurs G, 1/c et h comme non nulles et regarder ce qui en résulte pour chaque univers correspondant, en particulier le nôtre pour les valeurs que nous mesurons de ces trois paramètres.



    Un texte de Jérémie Philippe







    Le Big Bang est connu de tous comme l'instant de la création de notre univers. Cette explosion gigantesque serait à l'origine de la création de l'espace, de la matière et du temps. Pour confirmer cela, les physiciens s'appuient sur trois observations majeures qui sont le fond diffus de lumière, la proportion hydrogène/hélium et l'expansion de l'univers. Le cadre explicatif du Big Bang est la théorie de la relativité générale d'Einstein. Ce modèle physique du Big Bang prévalant jusqu'à nos jours explique qu'il est interdit de se poser la question de " l'avant " Big Bang puisque le temps a été créé au moment de l'explosion.
    Les équations mathématiques issues de la théorie de la relativité générale d'Einstein qui décrivent notre univers le montrent initialement enfermé dans un volume minuscule, quasiment un point que les physiciens nomment " singularité ". Or, nous savons aujourd'hui que le monde microscopique est décrit par des lois étranges, dont les conséquences échappent à nos conceptions habituelles, qui sont les lois de la physique quantique. Il paraît donc indispensable de prendre en compte ces lois afin de décrire le comportement de l'univers au niveau des tous premiers instants qui ont suivi le Big Bang. L'univers étant concentré dans un minuscule espace, des effets quantiques tout à fait déterminants doivent s'y produire : il semble impératif que les physiciens les prennent en compte pour décrire l'explosion primordiale et son évolution. Or, dans la construction de sa relativité générale, Einstein n'a pas inclus les lois de la mécanique quantique. La relativité générale est plutôt faite pour décrire l'évolution des planètes et des galaxies, c'est-à-dire qu'elle fournit des lois adaptées à l'astrophysique et la cosmologie. Dans le cas limite du Big Bang, la théorie relativiste vacille et devient inadéquate.
    Longtemps, les physiciens ont eu des difficultés à construire une théorie quantique de la gravitation, c'est-à-dire une théorie qui puisse intégrer les lois de la physique quantique dans celles de la relativité générale. En 1968, le physicien Gabriele Veneziano a ébauché une théorie, dite théorie " des cordes ", afin de décrire les interactions entre les constituants du noyau atomique. Plus tard, dans les années 80, cette théorie des cordes a été reprise pour être adaptée à l'unification de la théorie de la relativité générale et de la théorie quantique. L'idée centrale de cette nouvelle théorie consiste à décrire n'importe quelle particule à partir des modes de vibration d'une corde minuscule : la manière de vibrer de la corde, sa fréquence et son amplitude fixent ses caractéristiques physiques, c'est-à-dire sa masse, son moment cinétique intrinsèque (spin), etc. c'est-à-dire qu'elles déterminent la nature de la particule. Un de ces modes particuliers de vibration a révélé l'existence d'une particule responsable de la gravitation : cette particule incroyablement ténue (on ne l'a jamais détectée) s'appelle le graviton. On dit que cette particule véhicule l'interaction gravitationnelle. Par exemple, deux électrons vont se repousser parce qu'ils vont s'envoyer des photons : c'est l'interaction électromagnétique, le photon est donc le véhicule de cette interaction. De la même manière, deux particules massives vont s'attirer parce qu'elles vont s'échanger des gravitons.
    Les cordes engendrent de manière générale des champs dont les valeurs évoluent au cours du temps. L'un de ces champs, appelé " dilaton ", est fondamental car il détermine l'intensité de toutes les interactions : gravitationnelles, électromagnétiques, etc. Les cordes permettent donc de décrire la manière dont la matière interagit et ce, en intégrant naturellement la physique quantique et la relativité générale.
    A partir de ce modèle de cordes, des physiciens ont élaboré deux modèles d'univers et de Big Bang (le modèle pré-Big Bang et le modèle ekpyrotique) qui montrent, avec surprise, que le temps n'a pas été créé au niveau du Big Bang mais que le temps et l'univers existaient avant cette explosion. Les descriptions physiques des phénomènes ayant eu lieu dans l'univers diffèrent selon le modèle considéré. Il nous paraît également intéressant de discuter des conséquences métaphysiques nouvelles et de les comparer aux révélations du monde spirituel.




    Examinons le modèle pré-Big Bang développé par Gabriele Veneziano, physicien théoricien au CERN à Genève dès 1991. L'application de la théorie des cordes à la cosmologie montre que le Big Bang n'est pas le début de l'univers mais la transition entre deux états. Ce modèle montre qu'avant le Big Bang, l'expansion accélérait mais qu'après, celle-ci décélérait (au moins au début). Il est également démontré que l'univers a toujours existé et que la matière était très éparpillée bien longtemps avant le Big Bang, elle correspondait alors à un univers très peu dense. Du fait de la loi d'attraction universelle, la matière s'est condensée et avec le temps, des agrégats de matière très denses se sont isolés, atteignant des dimensions très petites, laissant penser qu'il s'agissait de trous noirs.
    On peut y voir une correspondance avec la révélation spirite puisque quand Kardec demande à la question 39, " Pouvons-nous connaître le mode de la formation des mondes ? ", il est répondu " Tout ce que l'on peut dire, et ce que vous pouvez comprendre, c'est que les mondes se forment par la condensation de la matière disséminée dans l'espace. " Cependant, on doit prendre cette remarque avec précaution car il est probable que par le mot " monde ", Kardec entendait " planète " et non pas notre univers tout entier. Il est clair que depuis Laplace, antérieur à Kardec, il existait des modèles de formation des planètes à partir de condensation de matière. Si les Esprits entendaient " les mondes " (en réponse à la question de Kardec) comme la création de l'ensemble de l'univers, leur réponse viendrait conforter le modèle pré-Big Bang. Sinon, cela confirme uniquement les modèles de formation des planètes ébauchés à l'époque et affinés aujourd'hui.
    Les agrégats de matière n'ont pas pu diminuer éternellement de taille : les effets quantiques associés au comportement des cordes ont fixé une limite à cette condensation. A un moment, la matière a rebondi, la densité de matière étant devenue trop forte. A partir de là, chaque trou noir a donné naissance à un univers. Le moment où la matière rebondit correspond évidemment au Big Bang. Finalement, la dimension minimale atteinte n'est pas nulle : elle correspondrait à une valeur autorisant à penser que l'univers existait avant et par conséquent le temps aussi.
    Les forces de la nature, déterminées par le dilaton, lui-même décrit dans le cadre de la théorie des cordes, ont agrégé la matière, jusqu'à ce que se produise un renversement qu'on appelle Big Bang. Ce renversement a conduit la matière de chaque trou noir à un univers, dont le nôtre.




    Examinons maintenant le second modèle d'univers, dit ekpyrotique (du mot grec signifiant conflagration) développé depuis 2001 par Neil Turok et Paul Steinhardt respectivement des universités de Cambridge et Princeton.
    Auparavant, nous devons dire quelques mots sur la notion de " D-brane " ou " membrane ". Malgré la complexité du formalisme mis en jeu pour décrire de telles entités, le fameux vulgarisateur Brian Greene donne dans son livre " l'univers élégant " des analogies simples et lumineuses. Nous invitons le lecteur à s'y reporter pour une meilleure description de ce que nous proposons. Notre espace comporterait d'après la théorie des cordes non pas trois dimensions mais dix dimensions spatiales. Cela signifie qu'une particule que nous considérons dans notre espace habituel s'étalerait en vérité dans un ensemble de dimensions supplémentaires, invisibles. Malgré tout, cette extension de la réalité imposerait une immobilité des particules dans les dimensions supplémentaires : excepté dans nos trois dimensions, qu'on nommera D-brane ou membrane, les particules seraient figées dans les autres. Gabriele Veneziano explique que " cette mobilité partielle des électrons et autres particules expliquerait pourquoi nous ne pouvons percevoir les dix dimensions de l'espace ". Une membrane ou une D-brane représente donc un ensemble de dimensions, un morceau de l'espace total : ici les trois dimensions habituelles. On pourrait évidemment en considérer d'autres.
    Le scénario ekpyrotique voit notre univers comme une D-brane ou membrane qui flotte à côté d'un espace de dimension supérieure. Ces deux membranes interagissent de la même manière que si elles étaient accrochées par un ressort. Il existe entre les deux membranes une force de " rappel " qui diminue en se rapprochant, et qui lorsque qu'elle atteint un minimum, correspond à un contact. Cette collision génère une explosion gigantesque correspondant à l'annihilation de la matière existante puis à une nouvelle création de matière et de rayonnement, c'est-à-dire au Big Bang.
    Ceci correspond aux informations données par l'Esprit André Luiz dans le livre " évolution dans les deux mondes " à travers le médium Francisco Xavier : tout ce qui découle de la matière élémentaire cessera d'exister, avec le temps, pour retourner à sa condition initiale.
    Ensuite, les deux membranes s'éloignent puis, arrivées à une distance maximale critique, se rapprochent de nouveau, et ce de manière cyclique.
    Cela n'est pas sans rappeler la réponse à la question 41 posée par Allan Kardec dans le livre des Esprits :
    41. Un monde complètement formé peut-il disparaître, et la matière qui le compose disséminée de nouveau dans l'espace ?
    " Oui, Dieu renouvelle les mondes comme il renouvelle les êtres vivants. "
    Au niveau de la physique, les deux modèles ont des ressemblances : l'univers est au début immense, froid et vide ; ils prédisent l'existence d'une transition appelée Big Bang dont la description mathématique leur est très difficile : cela correspond au comportement du dilaton. C'est dans les phases d'accélération et de contraction que leur prédictions différent essentiellement.
    D'un point de vue métaphysique, l'existence et l'interaction d'une brane de plusieurs dimensions parallèle avec notre D-brane, c'est-à-dire notre espace à trois dimensions dans le modèle ekpyrotique sont plutôt séduisantes. On peut en effet y voir le monde spirite tel que les Esprits supérieurs l'évoquent :
    85. Quel est celui des deux, le monde spirite ou le monde corporel, qui est le principal dans l'ordre des choses ?
    " Le monde spirite ; il est préexistant et survivant à tout. "
    Ce monde spirituel dont les dimensions s'imbriquent dans les nôtres serait le principal. Quand les conditions sont réunies, celui-ci pourrait engendrer le monde matériel en créant un espace à trois dimensions, ainsi que le temps au moment du Big Bang. La matière peut se disperser, les Hommes peuvent disparaître, le moment de la formation d'un autre monde arrive : Dieu crée sans cesse.
    Les Esprits qui se sont communiqués au Brésil à travers des médiums exceptionnels semblent également confirmer cette vision des choses : on retrouve souvent la matière spirituelle, notamment celle constituant le périsprit, décrite comme vibrant sur des modes vibratoires différents de ceux de notre mode habituel. Cela correspond vraisemblablement aux modes ayant cours dans les autres dimensions spatiales. Cette manière de s'exprimer, loin d'être ésotérique, se comprend parfaitement dans le cadre de la théorie des cordes.
    Les deux modèles ont déjà passé les tests de certaines observations expérimentales concernant l'analyse de la lumière du fond diffus. Bientôt, grâce au système VIRGO détecteur d'ondes gravitationnelles, les physiciens pourront tester le premier modèle dit pré-Big Bang. Plus tard, on prévoit d'analyser les champs magnétiques galactiques pour corroborer l'un des deux.
    Le modèle ekpyrotique, nous l'avons vu, paraît rentrer facilement en adéquation avec les principes généraux révélés par les Esprits.
    Si l'un de ces deux nouveaux modèles est juste, il faudra accepter que le temps a toujours existé et que la création est cyclique. Pour autant, nous ne renoncerions pas à l'existence d'un Dieu transcendant, hors du temps, défendue entre autre par Saint-Augustin. L'univers n'est pas sorti de rien, il a toujours existé (vision aristotélicienne) mais le temps apparaîtrait cycliquement avec la matière, lors de la condensation du fluide cosmique universel, Dieu donnant l'impulsion à sa création.
    Nous terminerons en citant un passage de Léon Denis tiré de " La Grande énigme : Dieu et l'univers " nous renvoyant à l'utilité de la création et à l'essentiel de toute cette discussion :
    " L'éternelle création, l'éternel renouvellement des êtres et des choses n'est que la projection constante de la pensée divine dans l'univers. Peu à peu, le voile se soulève, [..] l'homme comprend que tout est réglé en vue d'un but, qui est le perfectionnement continu de l'être et l'accroissement en lui de la somme du bien et du beau. "




    Bibliographie :
    Pour la science, juin 2004
    L'univers élégant, Brian Greene
    Le livre des Esprits, Allan Kardec
    La Genèse, Allan Kardec
    Evolution dans les deux mondes, Francisco Xavier, André Luiz Esprit.
    La grande énigme : Dieu et l'univers, Léon Denis.




     


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