• Cosmologie et sagesse orientale


    Il est assez stupéfiant de constater que la science moderne rejoint dans de nombreux domaines les sagesses les plus anciennes de l'humanité. Le remarquable livre de Fritjof Capra intitulé "Le Tao de la physique" est consacré à ces étonnants rapprochements. La relativité et la physique quantique étaient déjà contenues en germe dans les cosmologies antiques ! Les mystiques hindous, bouddhistes, taoïstes avaient déjà l'intuition de tout ce que la science moderne commence seulement à nous faire entrevoir ! Ils y sont parvenus depuis plus de 2000 ans par une voie fort différente, celle de l'intuition contrôlée, autrement dit la méditation conduisant à l'éveil. Cette expérience dans laquelle l'individu cesse d'être distinct de l'univers est inexprimable par le langage. Ceux qui y sont parvenus ne peuvent en rendre compte que par des images symboliques. C'est d'ailleurs ce qui différencie cette approche directe de celle de la science occidentale qui veut tout expliquer rationnellement par des théories de plus en plus complexes....
    Malgré leurs légères différences, toutes les traditions spirituelles orientales ont en commun les idées suivantes :

     

  • L'unité de toutes choses
  • La complémentarité des contraires
  • La fusion de l'espace et du temps
  • Le dynamisme de l'univers
  • Le temps cyclique
  • La non-réalité de la matière: le vide est l'essence de toutes choses
  • L'impossibilité d'appréhender la réalité ultime par le langage 

    La relativité et la physique quantique n'aboutissent elles pas aux mêmes conclusions ? De nombreux physiciens ont d'ailleurs pris conscience de ces similitudes. Citons seulement le grand théoricien Niels Bohr dont le blason représente le Yin-Yang avec la devise suivante "contraria sunt complementa". Le Yin-Yang, représenté ci-contre, est le plus profond symbole de la pensée chinoise, et de la pensée humaine en général. Il symbolise les deux principes complémentaires de l'univers : le Yang est la lumière, l'énergie, la chaleur, le masculin, etc. Le Yin est l'obscurité, le repos, le froid, le féminin, etc...Le point blanc dans la zone noire (et inversement) montrent que le Yang contient aussi en germe le Yin (et inversement). Chaque chose engendre son contraire. La forme tourbillonnante du pictogramme suggère le mouvement perpétuel, le dynamisme qui est le moteur de l'univers.
    On peut aussi y voir une géniale représentation à deux dimensions, étrangement conforme au modèle que j'ai décrit précédemment. On y retrouve un univers quasi-sphérique avec la fontaine blanche originelle et le trou noir ultime. On y voit les cycles de création et de dissolution. Les anciens chinois ignoraient certes la manière de dessiner des formes à trois dimensions, ils ignoraient les géométries non euclidiennes et les propriétés topologiques des tores à trou nul, mais on ne peut qu'admirer la façon dont ils ont réussi à traduire graphiquement ce qu'ils avaient vu lors d'illuminations. Le Yin-Yang est en fait une représentation merveilleusement simple de notre continuum espace-temps complexe...


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  • Dieu joue t il aux dés ?

    Dieu joue-t-il aux dés ?


    La question n'est pas de savoir si Dieu existe ou non.
    Mais plutôt : qui est-Il, et à quoi joue-t-Il ? (Hubert Reeves)

    Et Dieu dans tout cela ? Tout d'abord attention aux effets pervers du langage. Derrière un mot aussi abstrait que "Dieu" il y a des définitions multiples, sources de tous les malentendus, y compris les plus graves et les plus massacrants ! L'histoire des hommes est remplie de massacres commis au nom de Dieu et l'actualité récente nous le rappelle hélas constamment...
    Voyons sur l'excellent site de cyberphilo les définitions usuelles de ce terme : 1. Dans les religions polythéistes, être surnaturel supposé présider à certaines catégories de phénomènes (exemple : Apollon, dieu grec de la lumière).
    2. Dans les religions monothéistes, le créateur du monde et des hommes, éternel et tout-puissant.
    3. En métaphysique, la cause première de toutes choses, l'Etre absolu, parfait, nécessaire et éternel.

    La religion à dieux multiples de la Grèce antique était une tentative d'explication du monde avant que la Science ne nous donne des explications plus rationnelles sur les divers phénomènes attribués à diverses divinités. D'ailleurs, déjà à ces époques lointaines, il y avait des philosophes, Héraclite entre autres, qui voyaient à travers ces diverses manifestations l'oeuvre d'un Dieu unique.
    La notion judéo-chrétienne de Dieu créateur du monde laisse entendre qu'il y a séparation entre l'univers et son créateur. Dans ce cas le Créateur serait extérieur à l'univers qui est par définition l'ensemble de tout ce qui existe. Le Dieu des grandes religions monothéistes m'a toujours semblé crée à l'image de l'homme ! Un vieux patriarche pas toujours très sympa ! Voltaire, bien qu'il fût très critique à l'égard des religions, avait en somme la même conception de Dieu en l'appelant le Grand Horloger ou Grand architecte de l'Univers.... La troisième définition semble la meilleure, mais finalement elle est peu différente de la seconde car elle implique une séparation entre cause et effets. Et on peut s'interroger à juste titre sur la cause de cette cause !
    La meilleure définition de Dieu est peut-être celle de Spinoza : Dieu se confond avec le tout de l'être ou du réel (Deus sive natura, «Dieu, c'est-à-dire la nature») ; infini, éternel, simple, indivisible, se suffisant à lui-même, il est l'unique substance. Voilà enfin un Dieu fréquentable, acceptable par tous ! On peut parfaitement remplacer nature par univers (sémantiquement équivalent) et établir l'équation suivante :




    Dieu = l'Univers

    Avec un U majuscule, de préférence... Une fois qu'on a accepté cette équivalence de mots, on voit que la question de l'existence ou de la non existence de Dieu est sans fondement. La question de croire ou de ne pas croire est sans objet. Nous savons que l'Univers existe, peu importe le nom qu'on lui donne : on peut l'appeler l'Univers pour éviter toute confusion, ou alors l'appeler par son petit nom : Dieu, pour les intimes !

    Einstein, qui partageait également cette conception scientifique de Dieu, déclara un jour "Dieu ne joue pas aux dés". Cette phrase souvent citée doit être remise dans son contexte. En fait, il voulait dire par là qu'il n'acceptait pas les théories quantiques récemment découvertes, théories qui introduisaient la notion de hasard dans les processus atomiques. On a donc tort de citer cette phrase d'Einstein comme une parole d'évangile, d'autant plus que l'avenir prouva qu'il avait tout faux dans ce domaine ! La physique quantique fonctionne réellement avec ses notions de hasard et d'incertitude. L'Univers joue aux dés ! Le Bon Dieu joue aux dés ! Est-ce à dire qu'il fait n'importe quoi ?
    En fait, si on considère l'immensité et l'éternité de l'univers, le hasard était certainement la meilleure tactique pour créer toutes les choses que nous observons dans la nature. Si on lance six fois un dé, on a statistiquement une chance de tomber sur un 6. Si on le lance un milliard de fois, il tombera 166666666 fois sur le 6 ! Ce qui n'est pas négligeable.... On peut donc penser que le hasard a joué un rôle important dans l'édification de la complexité. De l'atome d'hydrogène, le plus simple et le plus répandu dans la nature jusqu'à l'être humain, summum de la complexité, il semble bien que l'univers ait utilisé les propriétés du hasard et des grands nombres pour faire évoluer ses créations. Seuls les bons coups de dés ont été retenus. Les mauvais ont été éliminés par l'implacable "sélection naturelle" de l'environnement. Ce concept Darwinien qu'on applique généralement à l'évolution des espèces animales peut certainement être étendu à la complexification de la matière dans son ensemble, à partir même des particules élémentaires.
    Ce rôle essentiel du hasard ne signifie pas que Dieu n'a pas d'intention ! Cette question de l'intention restera toujours sans doute un profond mystère. Elle n'est pas du domaine de la science, mais de la religion. Mais en admettant que Dieu ait une intention, ce qui est tout de même plus réconfortant que l'idée d'un hasard pur et aveugle, il faut bien reconnaître que le hasard a été l'instrument le plus performant dans la réalisation de ses oeuvres admirables. Il n'aurait pas pu faire mieux en procédant autrement...


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